Espionnage industriel : risques pour la sécurité des accessoires automobiles

L'industrie automobile, un pilier économique mondial représentant près de 3% du PIB mondial, est de plus en plus confrontée à une menace invisible mais omniprésente : l'espionnage industriel. Cet acte malveillant, consistant à subtiliser des informations confidentielles à des fins de concurrence déloyale et à obtenir un avantage illégitime sur le marché, ne se limite plus aux grandes entreprises multinationales. Les fabricants d'accessoires automobiles, souvent des PME innovantes, sont également des cibles privilégiées, avec des conséquences potentiellement désastreuses pour la sécurité des consommateurs et la viabilité économique de ces entreprises.

Les enjeux sont colossaux : des milliards d'euros en jeu chaque année, des emplois menacés dans les régions fortement industrialisées et, surtout, la sécurité des automobilistes compromise par des produits contrefaits, des accessoires de qualité inférieure ou des systèmes piratés. Les méthodes d'espionnage sont en constante évolution, allant du cyberespionnage sophistiqué, utilisant des malwares et des techniques d'ingénierie sociale avancées, à l'infiltration physique, rendant la protection des informations d'autant plus complexe et coûteuse pour les entreprises du secteur des accessoires automobiles.

Les cibles de l'espionnage dans le secteur des accessoires automobiles : vulnérabilités spécifiques

L'espionnage industriel dans le secteur automobile se concentre sur des informations stratégiques et données techniques qui confèrent un avantage concurrentiel significatif à l'entreprise qui les détient. Ces informations varient en fonction de la cible, du type d'accessoire et du stade de développement, mais elles sont toutes cruciales pour la pérennité, la croissance et la sécurité des entreprises et de leurs produits.

Données critiques ciblées

Plusieurs types de données sont particulièrement prisées par les espions industriels, agissant pour le compte de concurrents nationaux ou internationaux, voire d'États. Ces données permettent de reproduire, améliorer ou contourner des technologies existantes, offrant ainsi un gain de temps et d'investissement considérable à la concurrence déloyale. L'obtention de ces informations peut également permettre de déstabiliser une entreprise en divulguant des secrets industriels sensibles, en compromettant la sécurité de ses produits ou en nuisant à sa réputation.

  • Conception et Ingénierie : Les plans techniques de nouvelles suspensions actives, les données de simulation des performances des éclairages LED intelligents adaptatifs, les algorithmes embarqués et les innovations brevetables des systèmes d'aide à la conduite (ADAS) intégrés aux accessoires (caméras de recul intelligentes, détecteurs d'angle mort) sont des cibles de choix. Par exemple, le vol des plans détaillés d'un nouveau système de freinage ABS haute performance, incluant la composition des matériaux et les algorithmes de contrôle, pourrait permettre à un concurrent de le reproduire à moindre coût, sans respecter les normes de sécurité les plus strictes.
  • Processus de fabrication : Le savoir-faire spécifique à la fabrication de pneus à faible résistance au roulement, réduisant la consommation de carburant, les recettes de matériaux composites légers et résistants utilisés dans les sièges ergonomiques haut de gamme, les procédés d'assemblage automatisés et les techniques de contrôle qualité innovantes des systèmes d'échappement catalytiques de dernière génération sont des atouts précieux. La maîtrise de ces procédés permet d'optimiser la production, de réduire les coûts de fabrication de près de 15% et d'améliorer la qualité et la fiabilité des produits finis.
  • Stratégie commerciale et marketing : Les données démographiques sur les clients cibles (âge, revenus, habitudes d'achat), les analyses de marché prédictives, les informations sur les prix pratiqués par la concurrence, les plans de lancements de produits (dates, campagnes publicitaires) ou les accords de distribution exclusifs avec des concessionnaires automobiles sont des informations sensibles. Par exemple, la connaissance de la stratégie de distribution d'un nouveau système de navigation GPS embarqué avec cartographie en temps réel permettrait à un concurrent de s'implanter plus rapidement sur le marché et de proposer une offre plus attractive. Une entreprise de location de véhicules a estimé sa perte à 1.2 million d'euros suite à la divulgation de sa stratégie de fidélisation pour accessoires de tuning auprès d'influenceurs automobiles.
  • Données relatives à la chaîne d'approvisionnement : La connaissance des fournisseurs critiques de composants électroniques spécifiques, les contrats négociés avec les fabricants de matières premières (acier, aluminium, plastiques techniques), les prix des matières premières indexés sur les marchés internationaux et les informations logistiques détaillées sur les flux de marchandises permettent d'optimiser la production, de réduire les coûts d'approvisionnement de 8% et de minimiser les risques de rupture de stock. Les secrets concernant l'approvisionnement en métaux rares et terres rares, indispensables à la fabrication des batteries de voitures électriques et des systèmes électroniques embarqués, sont particulièrement convoités, compte tenu de leur importance stratégique et de leur rareté sur le marché mondial.

Acteurs vulnérables

Tous les acteurs de l'industrie des accessoires automobiles sont potentiellement vulnérables à l'espionnage industriel, mais certains le sont davantage en raison de leur taille, de leur activité, de leur niveau de protection ou de leur dépendance vis-à-vis de technologies sensibles. Il est essentiel de connaître ces vulnérabilités spécifiques pour mettre en place des mesures de sécurité adaptées à chaque situation et à chaque type d'entreprise.

  • Fabricants d'accessoires (petits et grands) : Les PME/ETI, qui représentent plus de 75% des entreprises du secteur des accessoires automobiles en Europe, sont particulièrement vulnérables car elles disposent souvent de moins de ressources financières, humaines et techniques pour se protéger efficacement contre les menaces d'espionnage industriel. Le secteur automobile, avec un chiffre d'affaires de 42 milliards d'euros en France en 2023 et une croissance annuelle de 5%, attire de nombreuses convoitises de la part de concurrents peu scrupuleux.
  • Équipementiers de rang 1 et 2 : Ces fournisseurs de composants clés (électronique embarquée, capteurs, systèmes d'injection, plastiques techniques de haute performance) sont des cibles privilégiées pour les espions industriels car ils détiennent des informations sensibles sur la conception, la fabrication et les performances des accessoires automobiles. Un équipementier de rang 1, spécialisé dans la conception et la fabrication de systèmes de freinage d'urgence assistée (AEB), a subi une perte directe de 800 000 euros suite au vol de plans détaillés de ses nouveaux modèles, retardant leur mise sur le marché de près d'un an.
  • Sous-traitants et prestataires de services : Les entreprises sous-traitantes et les prestataires de services, qui exercent des activités à l'extérieur des locaux de l'entreprise (design, prototypage rapide, essais en soufflerie, logistique de transport), sont particulièrement exposées aux risques d'espionnage industriel, car elles peuvent être infiltrées plus facilement ou subir des pressions pour divulguer des informations confidentielles. Le prototypage d'un nouvel accessoire de tuning aérodynamique, réalisé par une entreprise sous-traitante, a été dérobé et photographié, causant un retard de 6 mois dans sa commercialisation et une perte de revenus estimée à 500 000 euros.
  • Centres de recherche et développement (R&D) : Les centres de R&D, qu'ils soient intégrés aux entreprises ou indépendants, sont des lieux privilégiés d'innovation et de création, concentrant des informations de haute valeur stratégique sur les nouvelles technologies, les matériaux innovants et les procédés de fabrication avancés. La perte d'informations confidentielles sur un projet de recherche portant sur le développement d'une nouvelle génération de batteries pour véhicules électriques peut représenter un manque à gagner de plusieurs millions d'euros et compromettre la position concurrentielle de l'entreprise sur le long terme.

Les méthodes de l'espionnage : palette des techniques utilisées

Les méthodes d'espionnage industriel sont de plus en plus sophistiquées, diversifiées et difficiles à détecter, combinant des techniques traditionnelles (espionnage physique, filatures) et des approches numériques (cyberespionnage, ingénierie sociale). La connaissance de ces méthodes, de leurs forces et de leurs faiblesses est essentielle pour mettre en place des défenses efficaces et adaptées à chaque type de menace.

Cyberespionnage

Le cyberespionnage est devenu la méthode la plus courante, la plus discrète et la plus efficace pour subtiliser des informations confidentielles à grande échelle. Il exploite les vulnérabilités des systèmes informatiques et des réseaux, les failles de sécurité des logiciels et les erreurs humaines pour accéder aux données sensibles, souvent sans laisser de traces visibles. En 2022, le coût moyen d'une violation de données pour une entreprise s'élevait à 4.35 millions d'euros, avec une augmentation de 12% par rapport à l'année précédente, selon une étude récente menée par IBM.

  • Hacking : Les intrusions dans les systèmes informatiques, réalisées par des pirates informatiques (hackers) professionnels ou des groupes organisés, permettent de voler des données sensibles, d'installer des logiciels malveillants (malwares) pour espionner les activités des employés ou de paralyser les opérations de l'entreprise en chiffrant les données et en exigeant une rançon. L'utilisation de ransomwares ciblés sur les bureaux d'études, les services de conception et les départements financiers est une pratique de plus en plus courante, permettant aux cybercriminels de maximiser leurs gains. Une PME spécialisée dans la fabrication de pièces automobiles en matériaux composites a été contrainte de payer une rançon de 50 000 euros en bitcoins pour récupérer ses données après une attaque de ransomware ayant paralysé son système de production pendant une semaine.
  • Phishing/Spear Phishing : Les attaques ciblées par e-mail, utilisant des techniques d'ingénierie sociale sophistiquées, permettent d'obtenir des informations confidentielles en se faisant passer pour une personne de confiance (fournisseur, client, responsable informatique). Le "spear phishing" consiste à personnaliser l'e-mail en utilisant des informations spécifiques sur la cible pour la rendre plus crédible et augmenter les chances de succès. 65% des cyberattaques contre les entreprises commencent par un e-mail de phishing, selon les statistiques de Verizon.
  • Malwares sophistiqués : Les logiciels espions indétectables par les antivirus classiques, tels que les "rootkits" et les "keyloggers", permettent de surveiller discrètement les activités des employés, de voler des mots de passe, des numéros de carte bancaire ou des informations sensibles sur les projets en cours. Ces malwares sont souvent conçus sur mesure pour cibler des entreprises spécifiques et échapper aux systèmes de détection traditionnels.
  • Exploitation des vulnérabilités des IoT (Internet des Objets) : Les failles de sécurité dans les accessoires connectés, tels que les systèmes audio embarqués, les alarmes antivol, les caméras de surveillance ou les systèmes de géolocalisation, peuvent être exploitées pour voler des informations personnelles sur les utilisateurs (habitudes de conduite, trajets, adresses) ou pour accéder aux réseaux de l'entreprise via une porte d'entrée non sécurisée. Les objets connectés sont souvent mal sécurisés, utilisant des protocoles de communication obsolètes et des mots de passe par défaut, offrant une porte d'entrée facile aux pirates informatiques.

Espionnage physique

Malgré l'essor du cyberespionnage, l'espionnage physique reste une méthode utilisée par les concurrents peu scrupuleux, notamment pour obtenir des informations qui ne sont pas disponibles en ligne ou pour compléter les données obtenues par des moyens électroniques. Cette méthode implique souvent la surveillance, l'infiltration, le vol de documents ou le recrutement d'agents infiltrés au sein de l'entreprise.

  • Filatures et surveillance : Le suivi discret des employés clés, la surveillance des conversations téléphoniques, l'infiltration de réunions confidentielles ou la collecte d'informations sur les habitudes de travail des employés permettent de recueillir des informations sensibles sur les projets en cours, les stratégies de l'entreprise ou les relations avec les partenaires commerciaux. Le coût d'une filature professionnelle peut varier de 5 000 à 20 000 euros par semaine, en fonction de la durée, de la complexité de la mission et du nombre d'agents impliqués.
  • Vols de documents et de prototypes : La soustraction physique d'informations sensibles (plans techniques, contrats confidentiels, études de marché, prototypes fonctionnels) permet d'obtenir un avantage concurrentiel immédiat en permettant de copier ou de reproduire les produits de l'entreprise sans avoir à investir dans la recherche et le développement. Un prototype d'un nouveau système d'éclairage automobile adaptatif, intégrant une intelligence artificielle pour optimiser le faisceau lumineux en fonction des conditions de circulation, a été volé lors d'un salon professionnel, causant un préjudice estimé à 300 000 euros et retardant son lancement commercial de plusieurs mois.
  • Recrutement d'agents infiltrés : Le recrutement d'agents infiltrés au sein de l'entreprise, en offrant une rémunération attractive ou en promettant une progression de carrière rapide, permet d'obtenir un accès privilégié aux informations sensibles et de surveiller les activités de l'entreprise de l'intérieur. Un agent infiltré peut coûter entre 50 000 et 100 000 euros par an, en fonction de son niveau d'expertise, de son accès aux informations sensibles et de la durée de sa mission.

Intelligence économique et collecte d'informations open source (OSINT)

L'intelligence économique et l'OSINT consistent à collecter et à analyser des informations publiques et accessibles à tous (brevets, publications scientifiques, rapports d'entreprises, articles de presse, réseaux sociaux) pour reconstituer le savoir-faire, les stratégies et les intentions des entreprises concurrentes. Cette méthode est légale et éthique, mais elle peut être utilisée à des fins d'espionnage si elle est combinée à d'autres techniques illégales ou si elle est utilisée pour manipuler les informations ou désinformer le public.

  • Analyse des brevets, publications scientifiques, conférences : L'analyse des brevets déposés par les concurrents, des publications scientifiques sur les nouvelles technologies et des présentations lors de conférences professionnelles permet de reconstituer le savoir-faire et les innovations d'une entreprise, d'identifier ses points forts et ses points faibles, et d'anticiper ses prochaines orientations stratégiques. Le coût d'une analyse approfondie de brevets dans un domaine technologique spécifique peut varier de 2 000 à 10 000 euros, en fonction de la complexité du domaine et du nombre de brevets à analyser.
  • Surveillance des réseaux sociaux : La surveillance des réseaux sociaux, tels que LinkedIn, Twitter ou Facebook, permet d'extraire des informations auprès des employés (souvent involontaires) sur les projets en cours, les nouvelles embauches, les événements de l'entreprise ou les opinions sur les produits concurrents. Un employé a divulgué involontairement des informations confidentielles sur un nouveau produit en publiant une photo sur les réseaux sociaux, causant un préjudice estimé à 20 000 euros et alertant la concurrence sur le lancement imminent du produit.
  • Exploitation des faiblesses humaines : L'ingénierie sociale (manipulation psychologique pour obtenir des informations) est une technique efficace et peu coûteuse qui consiste à exploiter les faiblesses humaines, telles que la confiance, la naïveté ou le désir d'aider, pour obtenir des informations confidentielles, des mots de passe ou un accès aux systèmes informatiques. Un employé a divulgué des informations confidentielles par téléphone après avoir été manipulé par un escroc se faisant passer pour un technicien informatique du service de maintenance.

Conséquences de l'espionnage : impact sur la sécurité des accessoires automobiles

L'espionnage industriel a des conséquences désastreuses pour la sécurité des accessoires automobiles, mettant en danger la vie des consommateurs, compromettant la qualité, la fiabilité et la conformité des produits aux normes en vigueur, et portant atteinte à la réputation des marques et à la confiance du public.

  • Contrefaçon et produits de qualité inférieure : La reproduction illégale d'accessoires automobiles sans respecter les normes de sécurité et les spécifications techniques (imitation de pièces de freinage, de suspensions, de systèmes de direction) peut causer des accidents graves, des dysfonctionnements mécaniques ou une usure prématurée des pièces. Les pièces contrefaites représentent environ 10% du marché mondial des pièces automobiles, soit un chiffre d'affaires annuel estimé à 12 milliards d'euros, selon l'OCDE.
  • Compromission des systèmes de sécurité : Les vulnérabilités introduites intentionnellement ou non dans les systèmes électroniques embarqués (piratage de systèmes d'aide à la conduite, de systèmes de freinage d'urgence, de systèmes de contrôle de stabilité) peuvent avoir des conséquences fatales en désactivant les fonctions de sécurité, en modifiant les paramètres de fonctionnement ou en prenant le contrôle du véhicule à distance. Un piratage d'un système d'aide à la conduite a causé un accident mortel en désactivant le freinage automatique d'urgence et en empêchant le conducteur de reprendre le contrôle du véhicule.
  • Violation des normes environnementales : La production d'accessoires polluants ne respectant pas les réglementations environnementales en vigueur (systèmes d'échappement non conformes, filtres à particules défectueux, catalyseurs inefficaces) contribue à la dégradation de la qualité de l'air, à l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre et à la pollution de l'environnement. Les systèmes d'échappement non conformes représentent environ 5% du marché des systèmes d'échappement, soit un chiffre d'affaires annuel estimé à 600 millions d'euros, selon les autorités de contrôle.
  • Risques pour la vie privée : La collecte et l'utilisation abusive de données personnelles via des accessoires connectés (suivi de la localisation des utilisateurs, enregistrement des conversations, analyse des habitudes de conduite) portent atteinte à la vie privée des consommateurs et peuvent être utilisées à des fins de surveillance, de profilage ou de discrimination. 70% des consommateurs se disent préoccupés par la protection de leurs données personnelles collectées par les accessoires connectés, selon une étude menée par le Consumer Reports.

L'espionnage industriel entraîne une perte de confiance des consommateurs envers les marques et l'industrie automobile, une atteinte à la réputation des entreprises victimes et des pertes financières importantes liées à la contrefaçon, à la perte de parts de marché et aux coûts de réparation des dommages causés par les produits défectueux. Le coût moyen d'une atteinte à la réputation d'une entreprise peut s'élever à plusieurs millions d'euros, en fonction de la gravité de l'incident et de l'impact sur l'image de marque.

Études de cas : exemples concrets d'espionnage industriel dans le secteur

L'analyse d'exemples concrets d'espionnage industriel permet de mieux comprendre les méthodes utilisées par les espions, les motivations des auteurs, les vulnérabilités exploitées et les conséquences pour les entreprises victimes. Ces études de cas servent de leçons précieuses et aident les entreprises à mettre en place des mesures de protection efficaces et adaptées à leur environnement.

  • Cas 1 : Vol de plans d'un nouveau système de freinage ABS : Une entreprise innovante, spécialisée dans la conception et la fabrication de systèmes de freinage de haute performance, développe un nouveau système de freinage ABS révolutionnaire, intégrant une intelligence artificielle pour optimiser le freinage en fonction des conditions de conduite. Les plans détaillés de ce système, incluant les algorithmes de contrôle et la composition des matériaux, sont volés par un concurrent peu scrupuleux, qui le reproduit à moindre coût sans respecter les normes de sécurité et les spécifications techniques. Conséquence : des accidents graves causés par des pièces de freinage défectueuses, mettant en danger la vie des automobilistes.
  • Cas 2 : Infiltration d'un agent dans un centre de R&D : Un agent infiltré dans un centre de R&D d'un fabricant d'accessoires automobiles haut de gamme collecte des informations confidentielles sur un nouveau système d'aide à la conduite (ADAS), intégrant des capteurs avancés et des algorithmes de vision artificielle pour détecter les piétons et les cyclistes et éviter les collisions. Ces informations sont utilisées par un concurrent pour développer un produit similaire avant le lancement officiel, bénéficiant d'un avantage de plusieurs mois sur le marché. Conséquence : une perte de parts de marché importante pour l'entreprise victime, estimée à plusieurs millions d'euros.
  • Cas 3 : Cyberattaque contre un équipementier de rang 1 : Un équipementier de rang 1, fournisseur de systèmes électroniques embarqués pour les principaux constructeurs automobiles, est victime d'une cyberattaque sophistiquée, utilisant un ransomware ciblé pour chiffrer les données de ses serveurs et paralyser son système de production. Des informations sensibles sur la conception de nouveaux airbags de dernière génération, intégrant des capteurs de pression et des algorithmes de déploiement complexes, sont volées et revendues à des concurrents. Conséquence : la production d'airbags contrefaits de qualité inférieure, mettant en danger la vie des automobilistes en cas d'accident.

Ces exemples concrets démontrent que les faiblesses de sécurité, la négligence humaine, le manque de sensibilisation des employés et la motivation des espions (gain financier, avantage concurrentiel, volonté de nuire) sont des facteurs clés qui favorisent l'espionnage industriel. Il est donc essentiel que les entreprises tirent les leçons de ces exemples pour renforcer leur sécurité, former leurs employés et mettre en place des mesures de protection efficaces.

Mesures de prévention et de protection : un arsenal de solutions

La lutte contre l'espionnage industriel nécessite une approche globale, intégrée et proactive, combinant des mesures techniques, organisationnelles, juridiques et humaines. La mise en place d'une politique de sécurité rigoureuse, la sensibilisation des employés aux risques et la collaboration avec les services spécialisés sont essentielles pour protéger les informations sensibles et préserver la compétitivité des entreprises du secteur des accessoires automobiles.

Sécurité informatique

La sécurité informatique est la première ligne de défense contre le cyberespionnage. Elle implique le renforcement des systèmes d'information, la sécurisation des réseaux informatiques, la mise en place de procédures de sauvegarde et de restauration des données, la sensibilisation des employés aux menaces et la surveillance constante des activités suspectes.

  • Renforcement des systèmes d'information : Installation et configuration de pare-feu performants, d'antivirus à jour, de systèmes de détection d'intrusion (IDS) et de systèmes de prévention d'intrusion (IPS) pour bloquer les tentatives d'intrusion et détecter les activités suspectes. Le cryptage des données sensibles, stockées sur les serveurs ou transportées sur les réseaux, est essentiel pour protéger les informations en cas de vol ou de perte.
  • Sécurité des réseaux informatiques : Segmentation du réseau en zones distinctes, avec des niveaux de sécurité différents en fonction de la sensibilité des informations stockées dans chaque zone. Mise en place d'un contrôle d'accès strict, limitant l'accès aux informations sensibles aux seuls employés autorisés. Utilisation de réseaux privés virtuels (VPN) pour sécuriser les communications à distance.
  • Sensibilisation et formation des employés : Organisation de sessions de formation régulières pour sensibiliser les employés aux risques de cyberespionnage, aux techniques d'hameçonnage (phishing) et aux bonnes pratiques en matière de sécurité informatique (utilisation de mots de passe complexes, protection des données personnelles, signalement des activités suspectes).
  • Audits de sécurité réguliers : Réalisation d'audits de sécurité réguliers, menés par des experts externes, pour identifier les vulnérabilités des systèmes informatiques et mettre en place des mesures correctives pour combler les failles de sécurité.

Sécurité physique

La sécurité physique vise à protéger les locaux, les équipements, les documents papier et les prototypes contre les intrusions, les vols, les actes de vandalisme ou les catastrophes naturelles. Elle implique le contrôle d'accès aux bâtiments, la surveillance vidéo, la protection des documents sensibles et la mise en place de plans de continuité d'activité.

  • Contrôle d'accès aux locaux : Utilisation de badges d'accès, de cartes magnétiques ou de systèmes biométriques pour contrôler l'accès aux bâtiments et aux zones sensibles. Installation de caméras de vidéosurveillance pour surveiller les entrées et les sorties et enregistrer les activités suspectes. Mise en place de services de gardiennage et de rondes de sécurité pour assurer la protection des locaux.
  • Protection des documents et des prototypes : Stockage des documents confidentiels dans des coffres-forts, des armoires sécurisées ou des salles fortes. Destruction sécurisée des documents papier obsolètes, à l'aide de destructeurs de documents certifiés. Protection des prototypes fonctionnels contre le vol et la reproduction, en limitant l'accès aux zones où ils sont stockés et en mettant en place des systèmes d'alarme.
  • Surveillance des activités suspectes : Mise en place de procédures de signalement des activités suspectes, impliquant l'ensemble du personnel. Surveillance des visiteurs et contrôle de leur accès aux zones sensibles. Vérification des antécédents des employés embauchés à des postes sensibles.

Protection juridique

La protection juridique vise à protéger la propriété intellectuelle de l'entreprise (brevets, marques, dessins et modèles, savoir-faire) et à dissuader les actes d'espionnage, en mettant en place des contrats de confidentialité, des clauses de non-concurrence et des procédures judiciaires pour faire valoir ses droits.

  • Dépôt de brevets et de marques : Protection des inventions et des innovations par le dépôt de brevets auprès des offices nationaux et internationaux de la propriété intellectuelle. Enregistrement des marques et des logos pour protéger l'image de marque de l'entreprise et lutter contre la contrefaçon.
  • Accords de confidentialité (NDA) : Signature d'accords de confidentialité avec les employés, les partenaires commerciaux, les fournisseurs et les sous-traitants pour protéger les informations sensibles échangées dans le cadre de collaborations ou de projets communs.
  • Contrats de travail : Inclusion de clauses de non-concurrence et de non-débauchage dans les contrats de travail des employés, pour limiter leur capacité à travailler pour des concurrents ou à débaucher des employés de l'entreprise.

D'autres mesures de prévention et de protection peuvent inclure la réalisation d'une "due diligence" approfondie avant de s'engager avec de nouveaux partenaires commerciaux ou fournisseurs, la collaboration avec les services de renseignement spécialisés dans la lutte contre l'espionnage industriel et la mise en place d'une politique de sécurité globale, impliquant l'ensemble du personnel et intégrant les aspects techniques, organisationnels, juridiques et humains.

La vigilance est un atout majeur dans la lutte contre l'espionnage industriel. Il est primordial de ne jamais baisser sa garde, de rester informé des nouvelles menaces et de mettre en place des mesures de protection adaptées à son environnement et à ses activités.